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RE2020 - Champ d’application et cap sur 2026

Ce que doivent anticiper les maîtres d’ouvrage et bureaux d’études

Depuis son entrée en vigueur progressive à partir de 2022, la Réglementation Environnementale 2020 (RE2020) redéfinit les standards de la construction neuve en France. Elle ne se limite plus à la seule performance énergétique : elle intègre désormais l’empreinte carbone et le confort d’été, marquant une étape majeure vers la neutralité carbone du secteur du bâtiment.

Si les logements et quelques usages tertiaires sont déjà concernés, l’année 2026 marquera une nouvelle phase d’élargissement du champ d’application de la RE2020 à de nombreux autres bâtiments. Cette évolution impose une anticipation forte de la part des maîtres d’ouvrage, des architectes et des bureaux d’études.

1. Un rappel sur la philosophie de la RE2020

La RE2020 s’inscrit dans la continuité de la RT2012, mais avec un changement de paradigme :

« Concevoir des bâtiments sobres en énergie, faibles en carbone et confortables toute l’année. »

Trois grands piliers structurent cette réglementation :

  • La performance énergétique, mesurée à travers le Bbio, le Cep et le Cep,nr, avec une valorisation accrue des énergies renouvelables.
  • L’empreinte carbone du bâtiment, évaluée à travers les indicateurs Ic énergie et Ic construction, intégrant l’ensemble du cycle de vie.
  • Le confort d’été, via l’indicateur DH, qui limite la surchauffe dans les bâtiments sans recours systématique à la climatisation.

2. Le champ d’application actuel (2022–2025)

Logements individuels et collectifs

Depuis le 1er janvier 2022, la RE2020 s’applique à :

  • toutes les maisons individuelles neuves,
  • les logements collectifs neufs (depuis l’été 2022).

Bâtiments tertiaires – première vague

Depuis le 1er juillet 2022, certains bâtiments tertiaires neufs sont également concernés :

  • bureaux,
  • établissements d’enseignement primaire et secondaire.

Ces typologies servent de modèles pilotes : leurs retours d’expérience alimentent la montée en puissance de la RE2020 dans le reste du parc tertiaire.

Cas particuliers et exclusions

Pour le moment, restent hors du champ :

  • les bâtiments agricoles, industriels, artisanaux, entrepôts,
  • les constructions temporaires (moins de 2 ans),
  • les extensions de petite surface (< 50 m²),
  • certaines typologies à usage spécifique (cultuel, sportif, hospitalier…).

Mais cela va changer dès 2026.

3. L’élargissement du champ d’application prévu pour 2026

Une étape majeure pour le secteur du bâtiment

Le 1er janvier 2026, la RE2020 franchira une nouvelle étape : elle s’appliquera à une grande partie des bâtiments tertiaires neufs, soit environ 70 % du parc tertiaire futur.

Nouvelles typologies concernées

À compter de cette date, la RE2020 s’étendra aux constructions neuves suivantes :

  • Bâtiments hôteliers et restaurants,
  • Commerces, centres commerciaux, bâtiments de service,
  • Crèches, établissements d’accueil de jeunes enfants, bibliothèques, équipements culturels,
  • Établissements de santé : hôpitaux, cliniques, EHPAD, centres de soins,
  • Bâtiments sportifs : gymnases, vestiaires, piscines,
  • Aérogares et bâtiments à usage industriel ou artisanal (sous conditions).

Ce périmètre élargi représente une rupture réglementaire majeure : des typologies aux usages très variés devront désormais satisfaire à des exigences complexes et multidimensionnelles.

Un calendrier clair

Application pour les permis de construire déposés à partir du 1er janvier 2026.

Les bâtiments en instruction avant cette date restent soumis à la réglementation précédente (RT2012 ou arrêtés spécifiques).

4. Les implications pour la conception et les audits énergétiques

Des indicateurs identiques, mais à adapter

Les indicateurs de base (Bbio, Cep, Cep,nr, Ic énergie, Ic construction, DH) restent les mêmes, mais les modulations varient selon l’usage, le climat et l’altitude.

Par exemple :

  • Un hôtel en climat méditerranéen sera fortement contraint sur le DH (confort d’été).
  • Une crèche aura des exigences élevées sur la qualité de l’air et les déperditions.
  • Un commerce devra maîtriser les éclairages et apports internes liés à l’équipement.

Un besoin accru d’expertise en ACV

L’extension du champ RE2020 généralise l’approche Analyse du Cycle de Vie (ACV).

Les bureaux d’études devront désormais quantifier l’impact carbone complet :

  • structure (béton, acier, bois, biosourcés),
  • isolants et finitions,
  • équipements CVC,
  • durée de vie, maintenance, fin de vie.

Cette exigence pousse à choisir des matériaux à faible impact environnemental : bois massif, béton bas-carbone, isolants biosourcés (fibre de bois, chanvre, ouate de cellulose), ou matériaux recyclés.

Une anticipation nécessaire côté MOA et MOE

L’élargissement de la RE2020 induit :

  • un allongement des phases d’étude (temps de modélisation, vérifications ACV),
  • des coûts de conception légèrement supérieurs,
  • mais aussi des opportunités : bâtiments plus performants, durables et valorisés.

Les maîtres d’ouvrage doivent donc intégrer cette réglementation dès l’avant-projet, et non en fin de conception.

5. Les enjeux et recommandations pour les acteurs de la construction

Pour les maîtres d’ouvrage

  • Identifier si leur projet est concerné à partir de 2026.
  • Intégrer la RE2020 dans les appels d’offres et cahiers des charges dès aujourd’hui.
  • Favoriser la concertation précoce avec le bureau d’études thermiques pour éviter les surcoûts et incohérences.

Pour les architectes et maîtres d’œuvre

  • Adapter la conception bioclimatique,
  • Privilégier les formes compactes, l’inertie thermique et la ventilation naturelle.
  • Se former aux nouvelles exigences RE2020 : modules spécifiques à chaque usage.

Pour les bureaux d’études

  • Mettre à jour les outils de simulation et les bases de données ACV.
  • Développer des modèles types par usage (crèche, gymnase, EHPAD…).
  • Renforcer le dialogue avec les architectes dès l’esquisse.

Pour la filière des matériaux

  • Anticiper une demande accrue en matériaux bas carbone et biosourcés,
  • Développer les FDES et PEP pour répondre aux exigences de traçabilité.

Conclusion

L’extension de la RE2020 à de nouveaux bâtiments en 2026 est plus qu’un ajustement réglementaire : c’est une évolution structurelle du secteur de la construction.

Elle appelle à repenser nos pratiques, à renforcer la transversalité entre conception, énergie et carbone, et à faire du bureau d’études un acteur stratégique de la transition écologique.

Les acteurs qui anticiperont dès aujourd’hui cette mutation disposeront d’un avantage déterminant : une meilleure lisibilité réglementaire, une maîtrise des coûts, et des bâtiments réellement alignés avec les enjeux de demain.

 

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