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Le béton de bois

Une alternative bas carbone qui bouscule la construction

Le béton de bois : une alternative bas carbone qui bouscule la construction

Introduction

La construction évolue vers des matériaux hybrides capables d’allier performance technique et sobriété environnementale. Parmi eux, le béton de bois, aussi appelé béton organique, s’impose comme une alternative crédible au béton traditionnel.

Issu d’une recherche croissante sur les matériaux biosourcés, il offre une solution à la fois performante sur le plan thermique et intéressante du point de vue du cycle de vie.

Qu’est-ce que le béton de bois ?

Le béton de bois est un matériau composite constitué d’un liant minéral (ciment, chaux ou géopolymère) et de granulats organiques, généralement issus de la valorisation de résidus de scieries. Ces copeaux ou fibres de bois sont minéralisés, c’est-à-dire protégés par le liant, ce qui empêche leur combustion et leur dégradation biologique.

Ce procédé aboutit à un matériau beaucoup plus léger qu’un béton traditionnel, avec une densité moyenne comprise entre 600 et 900 kg/m³, tout en conservant une bonne résistance mécanique (environ 4 MPa pour les formulations les plus denses).

La structure poreuse du béton de bois lui confère des propriétés thermiques et acoustiques intéressantes, tout en réduisant considérablement son impact carbone par rapport à un béton ordinaire.

Performances techniques et environnementales

Sur le plan thermique, la conductivité du béton de bois se situe autour de 0,10 à 0,15 W/m·K, ce qui en fait un matériau isolant par nature. Il présente un excellent déphasage thermique, supérieur à 15 heures pour une paroi de 30 cm, ce qui améliore sensiblement le confort d’été, notamment dans les régions méditerranéennes.

Son bilan environnemental est l’un de ses principaux atouts. La part importante de bois lui permet de stocker du carbone biogénique. Selon les fiches de déclaration environnementale disponibles, comme celles du panneau TimberRoc CS2 de 30 cm, elle affiche un impact carbone négatif de -26,3 kgCO₂e/m², contre 60 kgCO₂e/m² pour un béton armé traditionnel avec une fiche individuelle.

Sur le plan de la sécurité incendie, les essais menés par le CSTB ont validé des résistances au feu allant jusqu’à REI 120, soit un classement coupe-feu deux heures. Le bois étant entièrement minéralisé, le matériau est classé A2-s1,d0 : non inflammable, à faible dégagement de fumée et sans gouttelettes en fusion. Ce comportement en fait un candidat solide pour les murs séparatifs et les façades mitoyennes.

Le béton de bois agit également comme un bon régulateur acoustique grâce à sa structure interne poreuse, limitant les transmissions sonores entre locaux. Ces qualités s’ajoutent à une forte capacité hygrométrique, contribuant à stabiliser le confort intérieur.

Usages et limites d’emploi

Le béton de bois est principalement utilisé sous forme de panneaux préfabriqués destinés à la réalisation de murs porteurs, façades, planchers ou cloisons. La société CCB Greentech, à l’origine du matériau TimberRoc, a industrialisé le procédé depuis 2021 avec plusieurs sites en France, notamment en Isère, en Haute-Savoie et dans les Bouches-du-Rhône.

L’utilisation est aujourd’hui validée pour des bâtiments jusqu’à R+3. Au-delà, une étude structurelle spécifique est requise. Les panneaux préfabriqués présentent l’avantage d’une mise en œuvre rapide et d’un chantier propre, mais impliquent une logistique adaptée (transport, levage, assemblage).

Parmi les limites actuelles, on note une résistance mécanique inférieure à celle du béton armé, un coût légèrement supérieur (de l’ordre de 2 à 5 % selon les configurations), et une offre industrielle encore limitée. Le matériau nécessite également un temps de séchage avant application d’enduits, généralement de plusieurs semaines à quelques mois selon les conditions climatiques.

Le béton de bois et la RE2020

La RE2020 encourage une approche globale de la performance énergétique et carbone. Le béton de bois s’inscrit pleinement dans cette logique : sa composition biosourcée réduit significativement l’indicateur IC construction tout en améliorant le confort d’été, ce qui favorise le respect simultané des exigences de Bbio, Cep,nr et IC énergie.

Dans un contexte où les seuils carbone vont se durcir à l’horizon 2028, ce matériau représente une alternative sérieuse pour les maîtres d’ouvrage souhaitant anticiper les futures contraintes réglementaires sans compromettre la durabilité ni la qualité constructive.

Conclusion

Le béton de bois incarne la transition vers une construction plus sobre, locale et performante. En combinant inertie, légèreté et stockage carbone, il offre une réponse concrète aux enjeux environnementaux actuels.

Encore jeune sur le plan industriel, il demande une conception rigoureuse et une mise en œuvre encadrée, mais son potentiel est considérable, notamment dans les régions chaudes où le confort d’été devient un critère majeur de performance.

Utilisé avec discernement, il peut devenir un pilier de la construction bas carbone en France.

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