ECS solaire en RE2020 : pourquoi une solution bas carbone peut être pénalisée en ACV ?
🔎 Une promesse bas carbone… qui tourne au piège réglementaire
Produire de l’ECS avec le soleil semble évident dans un bâtiment performant, en particulier pour du logement dans les régions ensoleillées. C’est une solution robuste, éprouvée, et extrêmement sobre en énergie.
Mais dans la réalité du calcul RE2020, cette solution peut être lourdement pénalisée, comme le montre cet exemple réel :
Solution |
Impact carbone ECS sur 50 ans |
Détail |
Chauffe-eau thermodynamique |
3 544,78 kgéqCO₂ |
Fiche PEP constructeur utilisée |
ECS solaire (ballon + capteurs) |
9 668,21 kgéqCO₂ |
Pas de fiches constructeur : données par défaut |
Le ballon solaire et les capteurs solaires thermiques sont pénalisés faute de fiche constructeur (~686 kgéqCO₂/m², pour 7 m² ici pour les capteurs et 4864 kgéqCO pour le ballon ).
⚠️ Pourquoi un tel écart ?
Pas de fiche = données par défaut pénalisantes
La méthode RE2020 impose des valeurs forfaitaires délibérément élevées quand aucun document environnemental (FDES ou PEP) n’est disponible. Ces "données environnementales par défaut" (DED) sont souvent deux à trois fois plus émissives que les fiches individuelles ou collectives.
Aucun bénéfice de sobriété intégré dans l’IC Construction
L’impact carbone évité grâce à la sobriété d’usage (moins d’énergie consommée) est comptabilisé dans l’IC énergie ou les indicateurs CEP et CEP,NR pas dans l’IC Construction. Le solaire, pourtant très sobre sur 50 ans, se retrouve donc écarté par son matériel trop émissif selon les données forfaitaires.
🏡 Conséquences pour le projet
Dans le cadre d’une maison individuelle où les seuils RE2020 sont très contraints, cet écart de plus de 6 000 kgéqCO₂ sur l’IC Construction peut :
- Rendre le projet non conforme,
- Forcer des choix de matériaux ou d’équipements moins sobres mais mieux déclarés,
- Ou dissuader purement et simplement le recours au solaire thermique.
Cela pose un vrai problème de cohérence entre la performance réelle et sa traduction réglementaire.
🛠️ Que faire ?
Action |
Impact |
✅ Utiliser des équipements avec PEP/FDES publiées |
Réduction de l’IC |
✅ Demander une fiche au fournisseur |
Solution long terme |
❌ Accepter les DED par défaut |
Pénalité importante |
Le rôle du BET est ici central : anticiper ces absences, chercher des équivalents techniques, discuter avec les fabricants.
✅ Conclusion
Le cas de l’ECS solaire illustre un biais important de l’ACV RE2020 : une solution vertueuse peut être lourdement défavorisée faute de déclaration environnementale. Cela appelle à :
- Encourager les industriels à publier leurs fiches,
- Renforcer l’accompagnement des petits fabricants,
- Et évoluer vers une réglementation reconnaissant mieux les systèmes sobres même sans certification poussée.
En l’état, l’ACV RE2020 reste un outil puissant, mais qui demande à être manié avec prudence et expertise.