📚 Définition réglementaire des Degrés-Heures (DH)

Les Degrés-Heures d'inconfort (DH) sont définis comme la somme, sur l'ensemble des heures de l'année (8760 heures), des écarts entre la température opérative réelle du groupe (sans systèmes de chauffage ni de refroidissement) et la température d'inconfort réglementaire. Ce calcul est effectué en évolution libre, c'est-à-dire sans chauffage ni climatisation, pour refléter la qualité intrinsèque du bâtiment.

Le calcul distingue l'inconfort chaud et l'inconfort froid, mais seule la composante inconfort chaud est utilisée pour la conformité RE2020 des bâtiments résidentiels.

📏 Seuils réglementaires en RE2020

• ✅ DH ≤ 350°C.h : conforme (aucune pénalité)
• ⚠️ 350 < DH ≤ 1250°C.h : conforme avec pénalité carbone (majoration sur l'indicateur Ic énergie)
• 🚫 DH > 1250°C.h : non conforme, sauf en cas de modélisation d'une climatisation installée

Ces seuils peuvent varier en fonction de la typologie du bâtiment, de la zone climatique, de la présence d'une zone de bruit, etc.

🧮 Méthode de calcul des DH

Le calcul des DH est basé sur une simulation horaire sur l'année, utilisant la température opérative horaire par zone, un scénario d'occupation conventionnel, et une température de confort dynamique dépendant de la période et du climat extérieur.

🔎 Formule réglementaire (extrait Th-BCE 2020) :

Inconfort chaud :

Avec :

•  (h)=Top(h)−Tseuil(h)
• Calcul uniquement si Top(h) > Tseuil(h) et pendant les heures d’occupation

Concrètement :

• Si la température intérieure dépasse la température de confort de 1°C pendant 3 heures, cela fait 3 DH.
• Si elle dépasse de 4°C pendant 2 heures, cela fait 8 DH.

Plus les températures montent et restent élevées longtemps, plus l’inconfort augmente.

La température de confort est basée sur la notion de confort adaptatif, qui implique que la température de confort évolue en fonction de la température extérieure (en moyenne glissante sur les derniers jours, c’est-à-dire la moyenne des température extérieures sur plusieurs jours consécutifs, calculée pour chaque heure). Par exemple, s'il fait chaud depuis plusieurs jours, cette notion considère que l'occupant sera en situation d'inconfort avec une température intérieure plus élevée, la température de confort est alors augmentée.

Graphique issu de l’Annexe III : Méthode de calcul détaillée « TH-BCE 2020 »

Axes :

• Axe horizontal : θrm (°C) →         température extérieure moyenne journalière glissante
• Axe vertical :   θop (°C) →            température opérative intérieure réelle

Zones :

• Zone de confort thermique : entre la consigne de chauffage (19 °C) et la consigne de refroidissement (26 °C)
• Zone d’inconfort froid : < 19 °C
• Zone d’inconfort chaud : > seuil variable dépendant de C1, C2, ou C3

Signification des courbes C1, C2, C3 :

Ces courbes définissent les seuils dynamiques d’inconfort chaud selon la classification du groupe en catégorie d’ambiance thermique (1,2 ou 3) telle que définie dans la norme NF EN 16798-1. Le calcul d’inconfort varie notamment en fonction de la vitesse d’air du local (induite par la possibilité de courants d’air, la mise en œuvre de brasseurs d’air, etc.).

🛠️ Leviers pour réduire les DH sans climatisation

Voici les principaux leviers de conception passive pour limiter les DH :

• Orientation & conception : Réduire les vitrages à l'ouest et au sud sans protection, optimiser la compacité et la distribution des pièces
• Protections solaires : Brise-soleil fixes, casquettes, BSO, volets roulants, vitrages avec facteur solaire g ≤ 0,4
• Inertie & déphasage : Dalles béton, enduits lourds, murs à forte capacité thermique, isolation extérieure couplée à structure lourde
• Ventilation naturelle : Ouvrants opposés, ventilation traversante, fenêtres hautes ou automatisées pour effet cheminée, surventilation nocturne
• Ventilation mécanique : Brasseurs d’air, surventilation mécanique
• Toiture & environnement : Toitures claires ou végétalisées, végétation autour du bâtiment (ombrage, évapotranspiration)

🏡 Exemple chiffré

Projet : Maison de 210 m² à Lourmarin (zone H3)

• Orientation sud avec grande baie vitrée
• Murs en brique, ITE fibre de bois
• Pas de climatisation

Résultat : le projet devient conforme sans climatisation, tout en maintenant un confort d'été acceptable selon la RE2020.

✅ Conclusion

L’apparition des Degrés-Heures (DH) dans la RE2020 marque une évolution importante dans l’évaluation du confort d’été. En remplaçant l’ancien indicateur Tic, le DH introduit une approche plus temporelle, plus adaptative et plus réaliste du ressenti des occupants.

Cependant, cet indicateur, bien que plus proche des usages, n’est pas exempt de biais et de limites.

Le calcul des DH repose sur une simulation horaire sur l’année, mais il s’appuie sur un fichier météo réglementaire imposé, propre à la commune de référence (et non au site exact du projet).

Ce fichier est fourni par le ministère, et ne peut être personnalisé.

Cela signifie que même si le site est exposé différemment (plateau venté, fond de vallée, microclimat local), les conditions climatiques utilisées pour calculer les DH resteront celles d’un fichier météo générique, lissé et représentatif d’une zone.

Conséquence : un bâtiment peut être pénalisé ou surévalué simplement parce que les conditions réelles ne correspondent pas aux données utilisées dans le moteur de calcul.

Cela fragilise la pertinence de l’indicateur, en particulier dans les régions méditerranéennes, montagneuses ou souvent sujettes à des canicules localisées.

⚠️ D’autres limites structurelles à connaître

• Les scénarios d’occupation et d’ouverture de fenêtres sont conventionnels et ne reflètent pas toujours les habitudes réelles.
• La température de confort est modélisée selon une courbe adaptative (C1 à C3), mais reste insensible à l’humidité, à l’activité des usagers, ou aux stratégies comportementales (réduction des apports internes, ouvertures des fenêtres la nuit, etc.)
• Le seuil de 350 DH/an, bien qu’un bon indicateur de conception passive, peut être difficile à atteindre sans climatisation dans certaines typologies architecturales ou zones chaudes.

Néanmoins, le DH reste un indicateur précieux pour orienter la conception, s’avérant plus pertinent que la TIC, afin de mettre en valeur l’inertie, la protection solaire, et la ventilation naturelle.