Attestation RE2020 : comprendre la hausse des prix et les limites des solutions à bas coût

La mise en place de la RE2020 a profondément modifié le travail des bureaux d’études thermiques. Beaucoup de particuliers ont remarqué que le prix d’une attestation RE2020 au dépôt de permis est désormais bien supérieur à celui d’une attestation RT2012.

Dans le même temps, certains sites continuent d’afficher des offres à bas prix, souvent entre 150 et 200 euros, créant une confusion : pourquoi un bureau d’études sérieux facture-t-il plus cher ce qui semble être le même document ?

La réponse est simple : la RE2020 n’a rien à voir avec la RT2012, ni techniquement, ni réglementairement. Et les attestations en ligne “express” ne correspondent pas aux exigences réelles de la réglementation ni aux besoins d’un projet conforme.

Cet article explique les raisons de l’augmentation du prix des études et expose les limites des offres low-cost.

1. Une étude RE2020 n’a plus rien à voir avec une étude RT2012

Une complexité réglementaire bien supérieure

La RT2012 reposait sur trois indicateurs simples (Bbio, Cep, Tic) avec un modèle thermique relativement léger.

En comparaison, la RE2020 introduit de nouvelles obligations majeures :

• un Bbio plus exigeant et nettement plus sensible aux choix architecturaux ;
• un calcul obligatoire du confort d’été (DH), basé sur une simulation dynamique simplifiée ;
• une analyse carbone du bâtiment (IC Construction + IC Énergie) ;
• l’obligation d’utiliser des FDES/DEP pour la majorité des matériaux ;
• une cohérence stricte entre l’attestation permis et l’étude complète.

Chaque point implique un volume de travail supplémentaire, absent de la RT2012.

Le Bbio RE2020 demande un vrai travail d’optimisation

En RE2020, le Bbio est fortement influencé par :

• l’orientation,
• la compacité,
• les surfaces vitrées,
• les masques proches,
• les ponts thermiques,
• les caractéristiques exactes des menuiseries.

Une simple saisie générique ne suffit plus : une optimisation réelle peut faire varier le Bbio de 10 à 25 %.

Ce travail d’optimisation demande du temps, des échanges et des ajustements, ce qu’une prestation low-cost ne peut pas offrir.

Le confort d’été est devenu un pivot de la conformité

La majorité des projets échouent lors du premier calcul des heures d’inconfort (DH).

Une analyse sérieuse doit :

• vérifier les apports solaires par orientation,
• étudier la capacité thermique interne,
• proposer des protections solaires adaptées,
• ajuster les équipements (ventilation, occultation, inertie).

Ce point, absent en RT2012, demande maintenant un travail d’ingénierie conséquent.

L’ACV fait partie intégrante de l’étude

La RE2020 introduit l’impact environnemental via les indicateurs carbone.

Cela implique :

• la recherche et la sélection de FDES pertinentes,
• l’évaluation des matériaux,
• des choix de conception orientés ACV,
• l’équilibre entre contraintes thermiques et contraintes carbone.

Ce volet n’existait pas en RT2012 et augmente naturellement le coût de l’étude.

2. Pourquoi les attestations RE2020 low-cost ne sont pas fiables

Les offres en ligne très bon marché reposent sur un fonctionnement standardisé, incapable de prendre en compte la réalité d’un projet.

Un temps passé trop faible pour un travail sérieux

Une attestation “express” est souvent réalisée en moins de 30 minutes.

À ce niveau, il est impossible de :

• vérifier les plans en détail,
• ajuster les orientations,
• optimiser les vitrages,
• analyser les ponts thermiques,
• vérifier le confort d’été,
• contrôler les matériaux dans l’ACV,
• échanger avec l’architecte.

L’attestation est produite, mais elle est souvent incohérente avec la future étude complète.

Une étude finale souvent en contradiction avec l’attestation

Lors de la réalisation complète de l’étude, les erreurs apparaissent :

• Bbio sous-estimé,
• DH largement non conforme,
• menuiseries incompatibles,
• matériaux pénalisants en ACV,
• ponts thermiques surestimés,
• systèmes CVC inadaptés.

Résultat, obligation de revoir le projet, d’augmenter l’isolation, de modifier les protections solaires ou de changer les équipements.

Ce que le client pensait économiser se transforme en surcoût important, sans parler des retards administratifs.

Une responsabilité très limitée

Les plateformes low-cost se couvrent généralement avec des conditions générales qui excluent presque toute responsabilité.

À l’inverse, un bureau d’études dispose :

• d’une RC Pro spécialisée,
• d’une obligation de cohérence,
• d’un devoir de conseil,
• d’une responsabilité sur la conformité finale.

Ce niveau d’engagement ne peut exister à bas prix.

3. Comparaison synthétique : low-cost vs étude professionnelle

 4. Ce que gagne réellement le client avec une attestation sérieuse

L’écart de prix entre une prestation low-cost et une prestation professionnelle se justifie facilement, car une étude sérieuse permet de :

• réduire l’épaisseur d’isolant,
• maîtriser les coûts de menuiseries,
• éviter l’ajout de protections solaires trop coûteuses,
• choisir un système de chauffage cohérent,
• améliorer l’ACV,
• éviter les recalculs et retards.

Dans de nombreux cas, l’économie finale est largement supérieure au coût initial de l’étude.

Conclusion

L’augmentation du prix entre la RT2012 et la RE2020 n’est pas un phénomène commercial : c’est la conséquence directe d’une réglementation devenue plus technique, plus exigeante et plus engageante juridiquement.

Les attestations low-cost en ligne peuvent paraître attractives, mais elles ne tiennent pas compte de cette réalité. Elles ne permettent ni l’optimisation du projet, ni la maîtrise des coûts, ni une conformité fiable.

Une attestation RE2020 sérieuse est un investissement et non une dépense : elle garantit un projet techniquement cohérent, conforme et souvent moins coûteux à réaliser.